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Le texte en audio

Deux fauteuils au milieu de l’entrée, une table ronde qui accueille deux piles de mon ouvrage à dédicacer, un crayon prêt à dégainer, des sourires forcés de gens de passage qui n’osent pas s’arrêter, de peur d’être happés par mon enthousiasme à partager. Il n’y a pas de foule pressée ou de longues files de gens qui attendent patiemment leur tour pour avoir une signature gravée. Mais le bonheur d’être là, comme une victoire sur mes doutes passés, me laissent présager une journée de rencontres inespérées. Ma sœur, illustratrice, présente à mes côtés, utilise une stratégie quelque peu forcée qui fait fuir le peu de gens intéressés. Je lui demande de se calmer et d’observer. Ayons une stratégie d’approche convaincante mais pas exagérée. Nous décidons de sourire avec un grand bonjour exprimé invitant chaque personne à jeter un œil au recueil, après leur tour dans les allées. Bizarrement, les gens ainsi harponnés par notre invitation semblent se cacher pour s’en aller de notre toile ainsi tissée. Ma sœur et moi décidons, d’un commun accord tacite, d’échanger toutes les deux sur cette journée, insoupçonnée il y a encore quelques années. Et de profiter avec légèreté de ce moment de complicité. Alors que nous sommes dans une discussion passionnée, une première dame, attirée par la couverture bleutée, arrive devant nous de manière inopinée. Elle prend le livre avec un air enjoué, heureuse de découvrir l’univers proposé et nous achète notre premier recueil de la journée. Revigorées par cet élan de générosité, nous nous concentrons sur notre objectif à réaliser : vendre 20 recueils illustrés. Une deuxième dame interpellée, addict de livres inspirés, n’ose pas le toucher de peur de l’embarquer et de se disperser dans ses priorités. Comprenant aisément son addiction pour l’avoir été, je l’invite à ne surtout pas s’immerger dans les mots dessinés car elle risquerait d’être absorbée. Une autre dame, plus craintive, n’ose pas s’approcher. Elle regarde le recueil de loin d’un œil intrigué. Nos regards croisés, nous l’invitons à s’avancer, mais elle prend peur et décide de s’en aller. La quatrième rencontre, amadouée par le charme de ma sœur adorée, fait un dérapage incontrôlé pour s’arrêter nous parler, en mode excitée et nous sortant de nos pensées. Hésitant à le toucher, comme si ce recueil était une porte vers des horizons cachés et qu’une fois ouvert, nous côtoierons une autre réalité remettant en question des croyances figées, elle nous demande de le présenter en quelques mots résumés. Finalement envoutée, elle le prend dans ses mains et après quelques pages tournées, un titre du recueil visualisé, elle se décide à se l’approprier. Une autre dame, plutôt discrète et réservée, s’entiche de notre ouvrage avec une délicate sensibilité. Puis, une dernière dame vient clôturer notre matinée en s’offrant ce livre comme compagnon pendant son arrêt de travail forcé. Nous terminons cette matinée avec une gratitude non dissimulée pour toutes ces personnes croisées.

L’après-midi commence par un saut dans le passé. Une jeune femme, un peu intimidée, se présente, comme étant la petite fille que j’ai côtoyé dans mes innocentes années. Ma maman l’a gardé pendant un temps indéterminé. Je me suis exclamée en la remettant dans mon passé, n’arrivant pas imaginer que cette femme était la petite fille réservée avec qui je jouais à la poupée. Trente ans se sont écoulés entre ces souvenirs et cette journée. Une autre dame prend le relais du passé avec une gaieté insoupçonnée de retrouver ma sœur après une année de formation qui les avait rapprochées. Elles repartent toutes deux avec le recueil illustré qui fait le pont entre le présent et le passé. Nous ne voyons pas les heures défilées quand c’est au tour de notre père de se pointer, heureux de voir ses filles se déployer dans un univers qu’il n’a jamais tenté. Puis, notre frère préféré arrive d’un pas affirmé, voulant nous accompagner dans cette réussite affichée. Un sourire dessiné et les yeux pleins de fierté. Quelques échanges volés dans un instant d’éternité, ils repartent avec leur ouvrage dédicacé marquant à jamais cette journée. Ils laissent la place à une de mes patientes, honorée de me voir sous une autre identité. De thérapeute à autrice, le voile est levé, les discussions animées sur nos projets programmés, elle repart emballée. Notre oncle bien-aimé que nous n’avions pas vu depuis plusieurs années, nous surprend par son arrivée. Heureux de se retrouver, une dédicace plus tard et des promesses de ne plus laisser le temps filer, il s’en va d’un pas léger. Le livre nous montre le pouvoir dont il est doté, notamment celui de renouer des liens du passé.

Un petit garçon intéressé par les dessins étalés nous demande s’il peut se les procurer. Sentant une opportunité que la mère soit une lectrice présumée, je coupe la parole à ma sœur qui, dans une générosité innée, est prête à lui offrir une de ses illustrations raréfiées. La mère nous rejoint poussée par son enfant excité. Après une lecture de la quatrième de couverture, elle se sent animée par une envie d’acheter. Le petit garçon peut alors choisir un dessin parmi ceux proposés. Je prends une petite pause de quelques minutes calculées, laissant ma sœur ainsi esseulée. Et quand je reviens dans cet univers enchanté, une vieille dame qui a dû mal à marcher s’est assise dans le fauteuil que ma sœur lui a gentiment laissé, le temps pour elle d’attendre sa petite-fille passionnée par les nouveautés. Elle nous remercie pour ces instants passés et se procure notre créativité, bien décidée à l’offrir à sa fille bien aimée. La pile de nos ouvrages à dédicacer a largement diminué. Une dame pas très ancrée fait une apparition remarquée. Un aller-retour pour nous rencontrer ou simplement par curiosité. Elle nous regarde étonnée, tourne toutes les pages du livre illustré, s’extasie devant chaque mot dessiné, puis repose le livre et s’éloigne d’un pas pressé. Il nous reste encore une trentaine de minutes avant de pouvoir rentrer. Alors que nous commençons à fatiguer, et que nous sommes prêtes à ranger les quelques livres encore empilés, mon regard croise celui d’un homme d’une cinquantaine d’années. Comme une retrouvaille d’une autre réalité, il s’arrête intriguer. Passionné, écrivain à ses heures perdues de textes inspirés, nos âmes parlent le même langage et sont heureuses de se retrouver. Sa femme pointe le bout de son nez, des points communs aussi dévoilés, thérapeute et travailleur social comme activités, c’est une rencontre orchestrée par la destinée. On se quitte avec une sensation inexprimée que nous sommes au début d’une nouvelle amitié. La journée se clôture par un dernier lecteur présagé, un ancien stagiaire que j’ai formé, qui s’offre son exemplaire dédié.

Cette journée de complicité, de rencontres diversifiées, de sourires partagés, de mots échangés, restera à jamais graver dans nos souvenirs à raconter. Et pour votre curiosité, seize recueils ont été cédés.

Pour se procurer le recueil L’ESSENCE-CIEL, c’est ici.

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4 Responses

  1. Bonjour Gaëlle,
    Ton article arrive pile poil à lire au moment de me dire alors que je manie remanie mon site de peintures :
    «  Mon Dieu , Qu’il est difficile de s’exposer pour Ce que l’on est , Vraiment. »
    Mille mercis pour cette envolée magique , inventive et créative.
    Nathalie

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